Nous attaquons donc l’aventure par la route menant au parking de Bellevarde pour atteindre le sentier du plateau de Bellevue via les Grands Bois, 10 kg de matériel sur le dos et sous un soleil de plomb, a notre plus grande surprise. La traversée des rails du Tramway du Mont Blanc valide la première difficulté du jour, passant de l’autre côté du versant et quittant une superbe vue sur la vallée, comme un symbole de notre arrivée dans le vif du sujet, à l’abris des regards citadins. Descente vers le pied du Glacier de Bionnassay puis remontée vers le Nid D’Aigle, ou Loïc nous accueillera, 1500 mètres de dénivelé plus tard, en tant que premiers clients de la saison. Un privilège que nous apprécierons à sa juste valeur, avec Chica son adorable chienne, autour d’un bon repas, tout en révisant nos noeuds de cordée et en discutant des passages clés à venir.
Cramponnés, cordés, avec piolets et crème solaire, nous attaquons la neige de plein front en direction du Glacier de Têtes Rousses. On s’engage, on s’applique, on échange les ressentis et on se prend au jeu, au sérieux aussi. Le petit train à trois wagons que nous formons avance à force de sourire et de cohésions, sans vapeur. Avant d’approcher le Grand couloir, nous profitons des bons conseils d’un groupes de huit marcheurs. Un mélange de mise en garde et d’encouragements qui nous rappelle que la communauté des randonneurs a ce supplément d’âmes qui rend la montagne encore un peu plus belle, égayée par tous ceux qui la chérisse. Prise d’informations, calcul de risques, on se donne le temps de contrôler nos appuis et toutes les autres variables à notre disposition, et ça passe, et le paysage est aussi beau que notre satisfaction est grande une fois arrivés à l’aiguille du Goûter et son refuge ovoïde.
Nous descendrons dans une sorte de léthargie que procure l’accomplissement des beaux projets. Si la technicité de la voie du Goûter nous rappellera bien que monter, ce n’était que 50% du voyage, et qu’il faut rester vigilant, on se donnera les moyens de rallier le Nid d’Aigle pour une nuit supplémentaire au-dessus des nuages, histoire de faire perdurer la lévitation. Le temps, encore prendre le temps !
Il fait bon de se sentir vivant !