Genève, 14 février 2019, 6h, c’est parti !
Je suis en route pour ma première petite expédition polaire (mais en France ;-)) avec Explora Project !
Nous sommes 12 à être présents en ce matin de février qui affiche une température de -16 degrés sur le parking de Corrençons dans la région du Vercors. Une dizaine de pionniers puisque c’est la toute première expée ouverte au public de cette nouvelle agence au concept qui m’a séduit immédiatement : Amener ses participants vers l’autonomie et les guider dans leurs premiers pas en expédition.
Pour ma part, j’ai hâte de dormir sur la neige pour la première fois et je rêve depuis longtemps de partir sur la neige en tirant une pulka derrière moi, ces luges qu’utilisent les explorateurs polaires pour ne pas avoir à tout porter sur le dos et je suis tout excité !
Dernières vérifications du matériel sur place avec Mélanie et Camille, nos guides pour les prochains jours, et nous embarquons dans notre mini bus. Skis nordiques ou skis randos, pulkas, sac à dos, tout y rentre!
J’ai déjà beaucoup appris rien qu’en préparant mon / mes sacs ! Nous ne parlons plus de matériel technique où une erreur ou un oubli peut entraîner un manque de confort pendant l’activité mais, à ce stade, de matériel de sécurité où l’erreur nous amènerait à être sujet à l’hypothermie par exemple! Les spécifications sont impressionnantes pour une première.
Je retiendrai particulièrement les températures du sac de couchage qui doit être en -20 et -40 degrés !
Sachant que le poids total de mes affaires pour ces 4 jours d’expédition frôle les 20 kg, je suis content de m’apercevoir que notre minibus nous emmène en hauteur. Nous arrivons à destination sur un parking gelé. Je m’étonne des talents du conducteur qui à littéralement rouler sur de la glace ainsi qu’aux températures de cette région qui sont saisissantes pour la France.
Comment vont se dérouler ces 4 jours si les températures ne remontent pas au dessus de 0 ?
Il est maintenant temps de se préparer : On garde sur le dos la nourriture et les affaires du jour dont nous avons besoin rapidement et tout le reste va dans la pulka. Gare à ceux qui ne répartissent pas correctement le poids d’un côté à l’autre de la pulka. Cela risque de les ralentir si elle venait à constamment à virer d’un coté par exemple ou à se renverser souvent.
Le Vercors est un plateau au relief fortement tourmenté, par endroits, et l’on peut y rencontrer des sortes de crevasses dans le sol calcaire que l’on ne voit pas durant l’hiver par la présence de la neige. Nous allumons nos arvas pour signaler notre présence sous la neige si l’un de nous venait à tomber et nous sommes partis !
Après une à deux heures de montée, nous jouissons de notre premier repas. Au menu : saucisson fromage et crackers, repas simple et efficace pour les sportifs que nous sommes. Tirer sa pulka en montée n’est pas une mince affaire, quand on sort juste d’une grosse grippe. A ce stade, je me demande si je préfère avoir 20 kilos sur le dos ou à les avoir derrière moi sachant qu’à chaque changement de pied, la pula m’entraîne vers l’arrière.
Fort heureusement nous avons 2-3 participants sans pulka et je demande alors de me relayer. Entre temps nous sommes arrivés sur le haut du plateau et l’avancée en est facilitée. Quoique…
La descente en travers est un exercice fort sympathique que je recommande à toute personne voulant apprivoiser une pulka !
Nous décidons de nous arrêter le soir vers 17h-18h. Nous montons notre campement numéro 1 dans un endroit magique, complètement seuls. Nous montons le camp à la lumière descendante du soleil. Quelles couleurs! Je me sens soudainement dans une région polaire ! Il ne manque plus que les aurores boréales ! Je me rends compte, à ce moment, que plus je vais loin dans la nature, plus les coucher de soleil sont exceptionnels. Et ce fut le plus beau camp, selon moi.
Chacun de nous choisit son repas lyophilisé chaud pour remonter les troupes en énergie. On peut dire qu’il y a du choix ! Sans demander permission à mon voisin de tente, je choisis du chili con carne dont rien que le nom me faisait déjà saliver. Attention à ajouter assez d’eau chaude dans votre repas pour éviter les crampes pendant la nuit!
Après quelques histoires et quelques conseils pour bien dormir, je suis un des premiers à me coucher.
6h du matin, ça y est ! Je peux le dire ! J’ai dormi dans une tente par une nuit de -16 degrés !
Il a fait un froid sec cette nuit-là. J’apprendrai une nuit plus tard ce qu’une nuit fraîche et humide signifie… Sensation étrange pour moi d’avoir dormi avec tout mon matériel sur moi. En effet pour éviter que tout ne gèle et que les batteries ne se déchargent avec le froid, j’avais dans mon sac de couchage avec moi les affaires suivantes : mes habits pour le lendemain entre mes jambes, smartphone quelque part à droite avec les lampes frontales et les piles.
L’Arva quelque part et même les bottines de chaussure de ski ailleurs: ça en fait du monde la dedans pour quelqu’un comme moi qui bouge beaucoup la nuit. Enfin soit, je l’ai fait et je me sens bien ce matin.
Petit déjeuner chaud, petit thé ou café, démontage de camp et nous sommes partis sous un soleil éclatant et des températures peu négatives.
Cela s’annonce bien !
Nous aurons droit à une sieste au soleil, et des températures positives, en ce mois de février.
#climatchange
Par la suite, sans plus rentrer dans les détails, cette expédition m’a permis, comme je le souhaitais, d’apprendre à manier une pulka en montée, en descente et de travers, ce qui n’est pas aussi simple que cela en a l’air. J’ai pu me confronter à des nuits glaciales si je peux dire et j’ai d’autant plus de respect aujourd’hui pour ceux qui bravent des températures bien plus négatives pendant des semaines et des mois dans des régions polaires.
Je sais à présent que j’ai encore de l’entraînement physique à effectuer avant de partir pour une plus grosse expédition, mais j’en ai eu un avant goût et mon attirance pour les régions arctiques n’en est que plus prononcée.
Je conseille vivement ce voyage à toutes les personnes qui se posent des questions sur le bivouac sur neige ou qui veulent une expérience en matériel de trek hivernal. Je pense même que je recommencerai souvent, nous avons l’arctique à quelques heures de voiture de chez nous !
Merci à toute l’équipe d’Explora Project pour cette magnifique mini aventure !
Et aux loups du Vercors, je vous dit à très bientôt 🙂
Et aux loups du Vercors, je vous dit à très bientôt 🙂
Auteur: Mathias Era, @mathiasera, Mars 2019.