POURQUOI AS – TU DÉCIDÉ DE TE LANCER DANS CETTE AVENTURE ?
J’ai aussi expérimenté la vie « classique », j’avais tout pour être heureux mais il me manquait quelque chose pour trouver mon bonheur. Je suis allé le chercher dans une vie beaucoup plus simple.
COMMENT AS-TU PRÉPARÉ TON VOYAGE ?
Ensuite, j’ai eu 3 mois de préparation avant le grand départ. Il n’y a pas eu vraiment de préparation physique. Je ne voyais pas comment m’entraîner à marcher 12h par jour pendant 5 mois. Je me suis dit que j’allais prendre mon aventure comme entraînement. En m’écoutant au début, et y aller doucement. »
PEUX-TU NOUS PARLER DE TON MATÉRIEL ?
« J’ai surtout préparé ce voyage en cherchant du matériel ultra léger. J’ai commencé avec un sac de 60L et j’ai fini avec un sac de 38L. Aux Etats-Unis, ils utilisent beaucoup de matériaux en Dyneema, une fibre très légère et solide. Par exemple, ma tente faisait moins de 500gr !
Concernant la recherche d’itinéraire, je ne suis pas très montre et GPS. Je prenais un téléphone avec une application qui s’appelle Gaia sur laquelle je télécharge les cartes que j’utilise aussi pour les randos en France. Il existe aussi l’application Guthook’s, qui est une appli sociale pour ceux qui veulent faire le PCT. Il y a le tracé, les points d’eau, les camps sites. Au début je suis parti avec une batterie portable. Mais cela m’obligeait à rester à un endroit pour la recharger et ce n’était pas très pratique. Ensuite, j’ai acheté un panneau solaire de 10 watts que je branchais sur une plus petite batterie. J’avais toujours ça sur mon sac et cela permettait de recharger mon téléphone et ma frontale. »
QUELLE ÉTAIT TA JOURNÉE TYPE ? ET COMMENT FAISAIS-TU POUR TE RAVITAILLER ?
« Dans ma journée type, il y a vraiment eu une évolution. Au début, j’avais une liberté totale mais j’ai fini par avoir un certain rituel journée après journée. Je me levais tôt le matin entre 6h et 6h30. Vers la fin du trail, je ne dormais même plus sous tente, je dormais à la belle étoile dans mon sac de couchage. En 15min mon sac était fait et je partais directement sans manger. Je m’arrêtais 2h après pour manger, je faisais des pâtes. Je n’avais pas de réchaud ( pour plus de légèreté) donc je mangeais froid, des aliments bruts, pour lesquels j’avais juste besoin d’eau. Je m’arrêtais quand j’avais faim, je n’avais pas d’horaire, j’avais des barres de céréales que je mangeais toute la journée. Je ne faisais pas beaucoup de pauses, je ne sentais pas l’envie de rester une après midi quelque part, j’avais besoin et envie de marcher. Je marchais jusqu’à 19h 20h.
Concernant le ravitaillement, l’avantage du PCT, c’est que le chemin passe vraiment en pleine nature. La plupart du temps, il faut sortir du trail pour aller se ravitailler. Je calculais de quoi j’avais besoin sur 5/ 6 jours en nourriture, je regardais sur la carte où je pouvais aller pour acheter de quoi manger et je calculais les km et la difficulté du terrain en fonction. Je sortais du trail, je faisais du stop pour aller en ville. Des fois je faisais une lessive quand j’avais le temps, parfois je dormais là-bas. Je me suis rendu compte que je mangeais toujours la même chose, et que ça m’allait très bien ! Donc je faisais au plus simple. »
ET L’HYGIÈNE DANS TOUT ÇA ?
« Il y en avait peu. Je me brossais quand même les dents, mais je n’avais pas de savon. J’avais juste un short. Au début, je prenais des lingettes pour me nettoyer ( au moins les pieds) mais ce n’était pas ultra nécessaire et non bio dégradable donc c’était quelque chose que je devais porter après. J’avais aussi une pelle à caca, c’est très important de ne pas laisser de traces de son passage. Quand il y avait une source d’eau, je me rinçais. Autour du trail, les gens savent que tu marches et donc savent que ton hygiène est limitée. Mais quand j’ai eu fini la marche et que je suis arrivé à Vancouver, j’ai vraiment vu que j’étais différent et on m’a fait comprendre que j’étais différent. J’étais limité à un regard de rejet assez violent et hautain après avoir marché 5 mois en solitaire. »
UNE ANECDOTE À NOUS RACONTER ?
« C’était une année à neige, donc assez compliqué. Je suis parti avec une tempête de neige. J’ai quand même décidé d’aller dans la Sierra. Beaucoup de personnes avaient décidé de contourner les montagnes pour éviter la neige, et nous n’étions vraiment pas nombreux à avoir décidé d’y aller quand même. La plus belle rencontre que j’ai fais, c’était à la fin de la Sierra, après avoir marché un mois dans la neige, un mois très dur. J’ai été accueilli par une personne, chez elle, pendant 4 jours. Je suis arrivé un 4 juillet. Elle m’a fait la visite de la ville, elle m’a emmené voir un feu d’artifice sur le lac, j’ai eu le droit à un BBQ, le matin des petits déjeuners monstrueux. Rencontrer des gens qui ne te connaissent pas et qui t’accueillent chez eux et qui te donnent un moment de leur vie, c’est incroyable. Des échanges inoubliables. Je suis reparti reboosté !
COMMENT S’EST PASSÉ LE RETOUR EN FRANCE ?
« A l’arrêt de la marche, le corps ne comprend pas. D’un côté, il y a le corps qui dit « j’ai envie de continuer » et le cerveau qui dit de se reposer. Il reprend quand même les vieilles habitudes, j’ai eu un peu mal au genou, mais le corps se réhabitue très vite. Le sommeil est le meilleur allier pour le corps, être loin des écrans, se réveiller et dormir en fonction du lever et coucher du soleil.